Une Juste colère, Jérôme Baschet (fiche de lecture)

Une Juste colère, Jérôme Baschet (fiche de lecture)

Fiche de lecture du livre Une juste colère, Interrompre la destruction du monde de Jérôme Baschet, publié en septembre 2019 aux Éditions Divergences. et aussi disponible gratuitement en pdf. Jérôme Baschet est historien, et a longtemps enseigné à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, à Paris ; il est actuellement professeur à l’Université autonome du Chiapas, où il collabore aussi aux activités de l’Université de la Terre. Il est aussi l’auteur de Adieux au capitalisme, Autonomie, société du bien vivre et multiplicité des mondes.

 

Nous avons échangé il y a quelques mois avec Jérôme Baschet lors d’un podcast que vous pouvez retrouver ici.

 

 

 

 

Le capitalisme, dictature de l’Économie

 

Aujourd’hui, un gouvernement ne peut guère s’écarter de ce que les forces dominantes de l’Économie attendent de lui. Il s’y soumet de trois façons :

  1. En réduisant (ou du moins en contenant) le coût de la main-d’œuvre
  2. En flexibilisant le droit du travail
  3. En offrant une fiscalité avantageuse aux entreprises et aux riches

 

Bien comprendre le Capitalisme

Il s’agit d l’impératif de croissance, la compulsion productiviste et consumériste, l’argent comme mesure de toutes choses, l’aménagement économicisé des territoires et la marchandisation des subjectivités, avec toutes les conséquences destructrices qui en découlent. Le capitalisme est un système économique et social très singulier dont la mise en place, à partir du 18e siècle, a impliqué une véritable rupture, anthropologique et civilisationnelle, par rapport à toutes les sociétés humaines antérieures. Au-delà de ses dérives criminelles et de son échec, le bloc soviétique n’est jamais parvenu à rompre avec les logiques fondamentales du capitalisme.

 

Ne pas trop personnaliser

Ce que nous devons abattre va au-delà du petit Macron. Il ne faut pas trop personnaliser l’ennemi qui est surtout impersonnel, ni attendre qu’une personne sympa et bienveillante arrive au pouvoir. Les politiques menées aujourd’hui par les gouvernements ne sont pas, pour l’essentiel, l’effet de leurs choix propres, les marges de manœuvre étant infimes à cause de déterminations beaucoup plus profondes, structurelles.

 

La domination néolibérale

Les profits issus de l’activité productive, en particulier dans des secteurs traditionnels comme l’automobile, tendent à devenir insuffisants. Le glissement vers le néolibéralisme n’a pas été seulement le résultat d’une offensive idéologique de ses partisans. Les conditions de possibilité des anciennes politiques keynésiennes se sont épuisées. L’échec de ces politiques a ouvert la voie au revirement néolibéral, nécessaire pour modifier le rapport de force avec les travailleurs et restaurer un taux de profit qui s’était fortement érodé grâce à la financiarisation de l’Économie.

Le néolibéralisme a permis de mettre en place une subordination structurelle des États aux forces de l’Économie. C’est à partir de la fin des années 1970 et surtout de la décennie suivante que s’est véritablement constitué un marché mondial unique. Quatre phénomènes majeurs en ont résulté :

  1. Délocalisation massive de la production vers les régions à faible coût du travail
  2. Chômage de masse dans les régions où ce coût est plus élevé, phénomène accentué par l’automatisation de la production
  3. Libéralisation des mouvements de capitaux par la suppression des taxes et des restrictions qui prévalaient jusqu’alors
  4. Hausse des déficits publics conduisant à un endettement croissant des États. Celui qui prête commande : l’endettement des États les rend particulièrement dépendants des marchés financiers sur lesquels ils doivent continuer à emprunter, notamment pour financer le service de la dette.

 

Le monde et nos intimités deviennent une marchandise

Nous sommes invité·es à valoriser notre propre “capital humain”, nos subjectivités et à tout mesurer par des quantités monétaires.

Dépossession généralisée

Le capitalisme ne nous affecte pas toutes et tous de la même façon, mais comme différentes facettes d’un processus de dépossession généralisée. Dépossession de la maîtrise du processus productif ; dépossession des territoires que l’on habite ; dépossession de la puissance collective de s’organiser et de décider ; dépossession de son temps ; dépossession de la possibilité de vivre comme femme sans être agressée ou assassinée, etc.

La propagande publicitaire

La publicité engloutit près de 600 milliards de dollars de dépenses annuelles mondiales, payées à leur insu par les consommateur·rices, ce qui représente tout de même plus du tiers des dépenses militaires mondiales

Le capitalisme est nécessairement productiviste

On y produit pour produire, pour satisfaire l’exigence de valorisation du capital, que le capital investi se transforme en davantage de capital. Les marchandises produites (biens ou services) n’importent pas par elles-mêmes, mais seulement dans la mesure où elles représentent une valeur qui valorise le capital investi. Cette exigence modèle les territoires et les imaginaires jusque dans nos manières d’être.

On ne peut pas et on ne veut pas revenir à un « bon capitalisme national »

Il est vain de croire que l’on pourrait revenir au capitalisme tel qu’il existait avant sa phase néolibérale.Tous ces champs d’expansion de la valorisation du capital sont devenus vitaux pour l’économie mondiale, de sorte que tout retour en arrière qui tendrait à les restreindre est proprement impensable. L’impératif absolu de croissance, propre au capitalisme, implique une tendance toujours plus poussée à l’unification spatiale. On ne peut pas demander au capitalisme d’aller à rebours de sa logique la plus fondamentale sans aussitôt renforcer une dynamique de crise. Il paraît peu probable qu’il puisse poursuivre sa dynamique tout en restreignant ses horizons.

 

L’âge de la destruction

 

 

Âge de la destruction

Nous entrons dans l’âge de la troisième critique du capitalisme. Après l’exploitation et l’aliénation, voici l’âge de la destruction des milieux et des conditions de vie sur Terre. Le dérèglement climatique n’est en aucun cas un objet de débat scientifique : la totalité des études publiées dans les revues spécialisées en reconnaissent l’origine humaine, il n’est nullement assimilable aux variations climatiques antérieures. En 2018 le Programme des Nations Unies pour l’Environnement a indiqué que même si les engagements pris lors de la COP 21 étaient respectés, ils aboutiraient à un réchauffement global nettement supérieur, de l’ordre de 3°. Et il y a tout lieu de penser que ces engagements, pourtant insuffisants, seront loin d’être tenus.

Capitalisme = courbes exponentielles

La croissance requise n’est pas constante, mais sans cesse plus forte. Derrière un taux de croissance identique, se cache une dilatation de l’économie toujours plus accélérée, c’est-à-dire exponentielle.

Apocalypse écologique

Élévation du niveau moyen des océans comprise entre un et deux mètres, déplacé·es climatiques par centaines de millions, vagues de chaleur et sécheresses dramatiques, pluies torrentielles et cyclones ultra-violents, destructions répétées des récoltes et gigantesques glissements de terrain, acidification des océans et dissolution des coraux, disparition de la forêt amazonienne et de tant d’autres écosystèmes dont dépend la vie de peuples entiers, réduction des terres arables, apparition de nouveaux insectes nuisibles attaquant les cultures, expansion de maladies tropicales vers des populations dépourvues de défenses immunitaires, manque d’eau et intensification des conflits pour le contrôle de celle-ci, etc

Le capitalisme a créé une « nature humaine » à son image

Non pas Anthropocène, mais Capitalocène. En effet, ce qui a entraîné le basculement dans cette phase inédite de l’histoire de la Terre, ce n’est pas l’humanité en tant que telle, mais un système économique et social bien spécifique qu’il convient de nommer par son nom : le Capitalisme. Du reste, celui-ci a créé la supposée « nature humaine » à son image, en faisant de l’égoïsme et de l’intérêt personnel des valeurs positives, ce qu’aucune culture humaine n’avait fait auparavant. Le capitalisme détruit les savoirs vernaculaires et les capacités d’autonomie qui caractérisaient les modes de vie traditionnels.

Humanicide

Le capitalisme produit une généralisation des maladies graves, des guerres, des pénuries. Il est un écocide et un humanicide.

Bien nommer l’ennemi, le système plutôt que l’humain, et arrêter de s’y identifier.

« Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend », dit-on dans les luttes. Il s’agit de réintégrer l’humain dans la communauté du vivant, afin de concevoir la lutte comme une alliance entre la part de l’humanité qui ne se résigne pas au désastre et les autres habitant·es, non humain·es, de la Terre.

Illusions renouvelables

L’inquiétude grandissante suscitée par la dégradation climatique et écologique ne doit pas se laisser dévier vers des leurres, c’est-à-dire vers des explications biaisées et des solutions insuffisantes, voire dangereuses. Il est impossible de maintenir le réchauffement global dans la limite de 2° sans une diminution drastique de la consommation globale d’énergie, et donc aussi sans une baisse significative de la croissance mondiale.

Comment pourrions-nous espérer surmonter cette situation dans le cadre du système qui en est la cause ? Le “capitalisme vert” et le développement durable sont les labels rassurants qui tentent de convaincre l’opinion qu’on pourra surmonter les problèmes climatiques et écologiques en les transformant en nouveaux marchés, sans rien changer à la logique qui les a produits. Toutes les énergies alternatives entraînent à leur tour de nouveaux problèmes écologiques, territoriaux et humains graves, dès lors qu’ils demeurent pris dans la démesure et l’exigence de croissance de la compulsion productiviste.

Le capitalisme ou la vie

Les luttes à mener sont multiples, mais aucune ne peut ignorer la nécessité de préserver la possibilité de vivre sur Terre. Croire en un capitalisme alternatif est illusoire ; la seule option vi(v)able est une alternative au capitalisme.

 

 

Crises structurelles du capitalisme

 

Les différents facteurs évoqués se renforcent mutuellement et c’est leur combinaison qui permet de parler de crise structurelle. Une terrible tourmente arrive. il convient de s’y préparer, à la fois pour survivre et pour lutter pour enrayer cette spirale de destruction. Il est indispensable de savoir de quoi exactement nous devons nous libérer.

Crise structurelle et contradiction interne du capitalisme

Le socle du salariat mondial est formé par les quelque 300 millions de travailleur·sess chinois·es ayant migré des régions rurales de l’intérieur vers les villes industrielles de la côte. Plusieurs facteurs convergent pour rendre à terme la production capitaliste de moins en moins rentable. Il est donc vain d’espérer le retour d’une forme de capitalisme plus contrôlé, comme le compromis keynésien.

La crise écologique nourrit la crise du capitalisme

L’épuisement tendanciel des énergies fossiles et de nombreux minerais stratégiques conduira à une forte hausse des coûts de production et à un coût social toujours croissant à cause des dégradations écologiques.

Crise financière

Les profits et la richesse sont de plus en plus concentrés, mais le taux de croissance n’en est pas moins insuffisant pour assurer la valorisation d’une masse de capitaux sans cesse plus gigantesque. Supérieur à quatre fois le PIB mondial, l’endettement total constitue le trou noir de l’économie globalisée. les échafaudages sont périlleux et peuvent s’effondrer à tout moment. Les facteurs de crise se sont aggravés, et la capacité à faire face à de nouveaux chocs s’est affaiblie.

Crise démocratique

La contradiction est la suivante : les hommes politiques doivent obtenir l’assentiment des électeur·rices pour parvenir au pouvoir ; mais pour pouvoir l’exercer, c’est de l’assentiment des marchés qu’ils ont besoin. Cette situation rend inéluctable la trahison de leurs engagements de campagne.

Crise sociale et dés-adhésion de l’univers du travail

Soit individuellement, par la maladie, la mort ou la dés-adhésion de toutes celles et ceux qui, de plus en plus nombreux/ses, abandonnent un univers entrepreneurial qui finit par perdre tout sens à leurs yeux. Soit collectivement, comme lors du soulèvement des Gilets Jaunes

 

 

Danger de la collapsologie

 

L’insulte de la « nature humaine »

Attribuer la responsabilité du dérèglement climatique à la « nature humaine » ou même à l’humanité en tant que telle est une supercherie et une insulte à tous les peuples du monde qui n’y ont en rien contribué – ou si peu. C’est incontestablement l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord qui portent la responsabilité historique du réchauffement climatique.

Les dés de l’effondrement ne sont pas jetés.

Les collapsologues mettent en avant des données factuelles. Cependant, le déterminisme univoque de ces diverses approches peut susciter la méfiance. La prophétie d’un écroulement du capitalisme sous l’effet de ses propres contradictions a déjà été contredite plus d’une fois. La crise risque plus de s’accentuer et s’empirer plutôt que de mener à un effondrement mécanique du capitalisme. Attention au fatalisme : si le dérèglement climatique est le fruit empoisonné d’une éternelle nature humaine, rien alors ne permet d’éviter l’inéluctable.

L’écologie doit rester politique

D’autant qu’il y a au moins deux « effondrements » : celui du système et celui de la biodiversité. Scenarios mutliples, lequel arrivera en premier ? C’est tout l’enjeu de la lutte
La question est donc aujourd’hui de savoir si l’humanité parviendra à se débarrasser du capitalisme avant que celui-ci ne se débarrasse d’elle.

 

Bloquons tout

 

Le pouvoir ne doit pas être conquis mais détruit

La vieille recette consistant à s’emparer du pouvoir d’État pour transformer le monde a montré son échec, dans sa version tant révolutionnaire que réformiste.

Libérons-nous du travail

Défendre le Travail contre le Capital c’est encore se tenir à l’intérieur des cadres de la société de la marchandise. Historiquement, le mouvement ouvrier s’est consacré à négocier ses intérêt dans le monde du travail. La centralité du travail et de la classe définie par le travail n’est plus tenable. Rompre véritablement avec la société de la marchandise, avec la dictature de l’Économie, ce n’est pas lutter pour libérer le travail du capital, mais c’est se libérer du travail lui-même.

La grève n’est pas dénuée d’intérêt mais insuffisante

La domination capitaliste ne s’exerce pas seulement sur la personne en tant que travailleuse, c’est un phénomène total qui affecte la subjectivité, les désirs, l’existence. L’antagonisme classique Capital/Travail est utile mais insuffisant pour penser la lutte d’aujourd’hui, et des dominations de genre, de race, coloniale, et sur la nature. Faire en sorte que le blocage s’étende et perdure est crucial, la grève ne peut plus avoir la centralité qui a été historiquement la sienne, parce que les antagonismes fondamentaux du capitalisme ne se jouent plus seulement dans la sphère productive.

Le pouvoir si situe dans les infrastructures, l’affronter c’est bloquer.

Les Gilets Jaunes apportent une confirmation concrète aux thèses qui considèrent que le pouvoir se situe désormais dans les infrastructures et que l’affronter implique prioritairement de bloquer les flux à travers lesquels la société de la marchandise vit et se reproduit. Le blocage paralyse le fonctionnement de l’économie et suspend le cours de la vie. C’est la routine qui vacille et permet l’expérience d’une communauté retrouvée.

Bloquer dans toutes les dimensions : circulation, production, consommation, éducation.

Il faudra bien, le moment venu, être collectivement capables d’empêcher que l’on consomme et que l’on produise ce qui nous tue et nous fait cuire à petit feu. Le blocage doit être à l’image de sa domination de large spectre, par des formes multiples dans tous les domaines. Les luttes multiples peuvent s’articuler, notamment celles des salarié·es, celles des territoires en résistance ou encore celles des quartiers de la ségrégation post-coloniale, dans un mouvement commun de critique du travail et de sortie du monde de l’Économie.

 

L’autonomie

 

Une démocratie représentative à bout de souffle.

Tant que le véritable pouvoir reste celui des forces dominantes de l’Économie, la sphère politique n’est-elle pas condamnée à être le théâtre d’ombres d’une dépossession de la puissance collective ? La démocratie représentative est un système qui organise la dépossession des représenté·es

Quelle alternative ?

Il est faux de dire que nous ne savons pas par quoi remplacer le monde de l’Économie. Que nous ne prétendions pas le savoir totalement est heureux. On sait à quelles folies ont conduit les certitudes d’antan. En jetant les bases d’un anticapitalisme non étatique, non productiviste, non patriarcal, non moderniste et non eurocentrique, on s’éloigne des lugubres expériences du « socialisme réel »

Assemblées populaires

La généralisation des assemblées populaires est l’une des voies possibles de cette autre politique. Il faut rompre avec les poncifs athéniens sur la démocratie directe et se reconnecter avec le patrimoine populaire de l’humanité que constitue la coutume et la pratique de l’assemblée sur tous les continents. La pratique de l’assemblée, comme lieu de décision et d’organisation de la vie collective, est attestée dans de très nombreuses sociétés coutumières sur tous les continents, du moins là où les pouvoirs étatiques ne les ont pas anéanties.

L’assemblée pour pour les tâches d’organisation de la vie collective

L’assemblée populaire, c’est aussi le cœur de l’espace où l’on se retrouve et où se tisse à nouveau une communauté de lutte et de vie. L’intelligence de l’élaboration collective peut alors renaître, non sans difficultés, certes, mais sans pour autant verser dans les travers de l’assembléisme qui débat sans fin mais sans rien décider.

Exemple de l’autonomie zapatiste

Les zapatistes sont parvenu·es à inventer leurs propres instances d’auto-gouvernement, sans aucune intention de se séparer du Mexique mais en marge des institutions étatiques. Ils et elles ont aussi réussi à créer leur propre système de justice, de santé et d’éducation en s’appuyant notamment sur les dizaines de milliers d’hectares de terres reprises aux grands propriétaires lors du soulèvement de 1994.

La démocratie représentative, c’est la politique par le haut, l’administration imposée au nom de l’Économie. L’autonomie, c’est la politique par le bas, c’est la capacité collective à s’auto-organiser. L’autonomie privilégie l’échelle locale et y revient toujours. Les communes peuvent se coordonner ou se fédérer à un niveau régional, mais aussi à toutes les échelles qui s’avèrent pertinentes.

« Nous pouvons nous gouverner nous-mêmes ».

Le peuple lui-même s’est fait gouvernement, de sorte qu’il n’y a plus véritablement de dissociation entre les deux. Il faut, pour cela, faire prévaloir une logique de dé-spécialisation des tâches politiques, à l’inverse de la tendance à les concentrer dans les mains de quelques-un·es. Confier des tâches de gouvernement à celles et ceux qui n’ont aucune capacité particulière à les exercer est l’une des premières conditions d’une démocratie véritable.

Distance minimale entre les électeur·rices et les délégué·es.

  • Faible concentration de la capacité de décision
  • Révocation des mandats
  • Rotation des mandats tous les 10 ou 15 jours.
  • Mandats courts et limités
  • Consultations en cas de doute

 

Des espace libérés de l’Économie

La libération du monde de l’Économie n’est pas simplement un changement de propriété et une « meilleure répartition des richesses ». En finir avec le capitalisme, c’est tout ce qui permet de desserrer les contraintes du monde de l’Économie et de faire émerger d’autres façons de vivre. Les espaces libérés permettent d’expérimenter les vertus de l’entraide et de déployer une capacité collective de faire, sans attendre que les solutions viennent des institutions existantes.

Différentes échelles

Les espaces libérés du monde de l’économie peuvent se déployer à de nombreuses échelles différentes, même infimes. Ce peut aussi être de manière individuelle, pour nous décapitaliser, pour faire reculer les habitudes consuméristes et la soumission au travail, les attitudes égocentriques et compétitives.

Des espaces qui se connectent

On y apprend ou réapprend des techniques pour vivre libéré du monde de l’Économie, cependant il serait assez peu judicieux de concevoir ces espaces libérés comme des îlots protégés au milieu du désastre, où l’on pourrait vivre sans plus se soucier de la destruction environnante. Les espaces libérés doivent se lier entre eux pour se renforcer dans leur combats.

Passer à l’offensive

Les espaces libérés se multiplient et engendrent une guerre des monde entre les vies bonnes et le monde de l’Économie jusqu’à la paralyser. Construire à côté ne suffira pas, même en imaginant une prolifération des espaces libérés. Agir contre, défensivement et offensivement, n’est pas moins nécessaire, tant depuis les espaces libérés déjà existants que dans la trame même du monde de l’Économie.

Ne plus vivre comme avant

Moins subir les contraintes temporelles, trouver le sens de la communauté et faire fleurir un art de vivre post-capitaliste. C’est une existence partagée, un rapport commun aux lieux que l’on habite. Cela n’a rien d’aisé, tant cela se heurte à des habitudes individualistes profondément incorporées.

Rupture civilisationnelle

Rompre avec les fondements civilisationnels de la société de la marchandise, c’est à dire avec l’individualisme. Faire place de manière inédite et créative à de nouvelles conceptions relationnelles de la personne. Comprendre que la terre ne nous appartient pas, mais c’est nous qui lui appartenons. Ne plus séparer l’humain de la nature, ne plus séparer le Je du Nous, récuser cette extériorité. Le je n’est pas seulement je ; il est tissé de multiples fils qui courent au-delà de lui-même.

Pour une diversité des alternatives

Le bien-vivre n’est pas un principe uniformisateur. Le monde post-capitaliste sera tout sauf UN. Dépasser le capitalisme n’est justement pas créer un monde, mais en faire advenir de multiples. Précisément, ce qui peut permettre l’épanouissement d’une véritable multiplicité de mondes. Comme disent les zapatistes, il s’agit de faire advenir « un monde où il y ait place pour de nombreux mondes ».

 

 

 

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