L’impasse réformiste de la Convention Climat (2/2)

Impasse réformiste Convention Climat

L’impasse réformiste de la Convention Climat (2/2)

Dans une première partie, nous avons vu comment la Convention Citoyenne pour le Climat a vu le jour et quel a été son fonctionnement de cette démarche réformiste. Dans cette deuxième partie, nous allons voir en quoi ses objectifs sont une impasse, et que peut-on déduire de son résultat.

 

« Continuer ainsi est au prix de réprimer en nous le sentiment de vivre dans une société intrinsèquement criminelle, et qui ne manque pas une occasion de nous rappeler que nous faisons partie de sa petite association de malfaiteurs. Chaque fois que nous entrons en contact avec elle – par l’usage de n’importe lequel de ses engins, la consommation de la moindre de ses marchandises ou le taf que nous abattons pour elle –, nous nous faisons ses complices, nous contractons un peu du vice qui la fonde : celui d’exploiter, de saccager, de saper les conditions mêmes de toute existence terrestre. Il n’y a plus nulle part de place pour l’innocence en ce monde. Nous n’avons que le choix entre deux crimes : celui d’y participer et celui de le déserter afin de l’abattre.»

— Comité Invisible, Maintenant

 

 

1. L’impasse réformiste

 

Un aspect critiquable de la Convention Citoyenne pour le Climat est son caractère réformiste. Que ce soit dans ses objectifs et ses résultats. Qu’est-ce qu’une politique réformiste ? C’est chercher à améliorer une institution en lui apportant des changements, afin d’obtenir de meilleurs résultats. Il s’agit par exemple de chercher à améliorer la société capitaliste grâce à des lois, des modifications.

Pourquoi adopter une attitude réformiste pose problème dans le cas précis de la Convention Climat ? Parce que c’est considérer qu’il suffirait simplement de faire de légers ajustements. Et qu’ainsi le système existant devienne juste et fonctionnel. C’est le peaufiner pour qu’il devienne juste socialement et soutenable écologiquement. C’est finalement considérer qu’il n’est pas fondamentalement délétère.

Ce raisonnement s’oppose sérieusement à une politique révolutionnaire qui part du principe qu’il faut démanteler le système existant. Pour les révolutionnaires, le système est problématique jusque dans ses fondements. Non seulement les réformes seront toujours insuffisantes pour atteindre l’objectif souhaité. Mais elles autorisent le système à évoluer et ainsi persister. Une politique révolutionnaire vise à créer un système radicalement différent en remontant jusqu’à ses racines. C’est pourquoi, du point de vue des luttes écologistes et sociales, le réformisme est une impasse.

 

Les limites d’une analyse libérale

 

Pour résoudre un problème durablement, il est important de remonter à ses racines. Cela évitera qu’il ne perdure par d’autres moyens et sous d’autres formes. Une situation qui évoque l’image d’une hydre dont les têtes coupées repousseraient et se multiplieraient. C’est la différence entre l’analyse libérale et l’analyse radicale, qu’on retrouve dans des luttes comme le féminisme, l’écologisme, l’antiracisme, l’anticapitalisme etc …

Dans l’analyse libérale, il manque une partie cruciale pour comprendre ce système et pouvoir le démanteler. Au contraire, une analyse radicale prend en considération les causes profondes, les structures du pouvoir, plutôt que les manifestations de surface.

Par exemple, pour ce qui est de la voiture, l’analyse purement libérale considérera que n’importe qui doit se passer de sa voiture pour être plus écolo. Mais l’analyse radicale prend en compte le fait que la société est structurée d’une telle manière que certaines personnes sont obligées de prendre leur voiture pour se déplacer vers leur lieu de travail et pouvoir vivre. Parfois le choix est possible, à ce moment-là on s’intéresse à la sensibilisation des individus. Mais parfois ce n’est pas le cas.

De plus, la persuasion morale est inefficace au sein d’un système basé sur la violence. Un système qui récompense ceux qui exploitent et détruisent.  Donc au lieu de sensibiliser à quelque chose d’impossible, autant résoudre le problème qui oblige des personnes à devoir utiliser leur voiture pour vivre. C’est ce manque d’analyse radicale qui a conduit beaucoup d’écologistes libéraux à mépriser ou sermonner des personnes du mouvement des gilets jaunes. Ce mouvement est pourtant des plus légitimes.

Ce genre d’injonction – comme par exemple arrêter de prendre la voiture ou consommer des aliments portant le label « bio » – venant d’écologistes de classes privilégiées est dénoncé par le blog Vert résistance pour souligner le manque de radicalité de la tribune rédigée par le collectif des “résistants et résistantes climatiques”. L’analyse des personnes ayant proposé la CCC n’étant pas radicale. La démarche est donc réformiste et limitée, à la fois dans ses objectifs et son résultat.

 

Les objectifs superficiels de la Convention Climat

 

Focalisation sur le climat

L’objectif principal de la CCC était de « définir les mesures structurantes pour parvenir, dans un esprit de justice sociale, à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici à 2030 par rapport à 1990 ».

Pourquoi les objectifs de la CCC n’étaient pas radicaux ? Déjà, on remarque que cette convention porte dans son nom le mot “climat”. Elle élimine une expression plus globale telle que “contre l’écocide en cours”. C’est révélateur d’une focalisation sur le climat dans la perception du problème. Et cela exclue l’extermination de masse en cours et la destruction des écosystèmes. Comme c’est souvent le cas dans les discours majoritaires concernant l’urgence écologique. Que ce soit le gouvernement ou même et surtout, au sein du “mouvement climat”, pour reprendre l’article cité plus haut :

« L’objectif de réduire uniquement les émissions de gaz à effet de serre omniprésent avec la fameuse “neutralité carbone” et la stratégie proposée ensuite, – qui exclut complètement le fait de stopper les activités destructrices des sols, des écosystèmes, terrestres ou marins –, ne s’attaque pas aux véritables causes de la destruction du vivant. »

Une écologie tronquée

Ce n’est donc pas étonnant que ses objectifs ne s’attardent que sur les gaz à effet de serre. Ils donnent au final des objectifs chiffrés. Il n’y a aucune volonté de changer de paradigme par des relations harmonieuses avec le vivant. Aucune remise en question des modes de vie “civilisés” (comprenez : urbains, concentrés dans des villes détachées et prédatrices de la biosphère). Cette démarche est typique d’une écologie avec une vision superficielle et tronquée du problème. Il ne manque plus que la fameuse « neutralité carbone » et c’est bingo.

Cette approche amène donc davantage à des calculs déconnectés qui ne permettent en rien d’appréhender et comprendre la complexité et la richesse de la biosphère, qu’à des savoirs liés au ressenti, à l’expérience. Et c’est de cette manière que les dirigeants de grandes industries en arrivent à légitimer la poursuite de leurs activités destructrices par des mascarades comme la “compensation carbone”, pour déforester la conscience tranquille. Alors qu’il suffit simplement de connaître un minimum le fonctionnement des écosystèmes pour savoir qu’un espace complexe, riche en biodiversité et résultant de dizaines voire centaines d’années de densification végétale spontanée et d’interactions animales sauvages. Et qu’un tel ecosystème n’a rien à voir avec une monoculture d’arbres qui serait implantée sur une surface égale à l’espace complexe détruit.

On remarquera tout de même une légère mention à la justice sociale. Les “Gilets citoyens” l’ont arrachée après d’intenses efforts de négociation. Ce n’était pas gagné d’avance vu la tentative de taxe carbone du gouvernement en 2018. Cette montrait leur volonté d’appliquer des mesures coercitives excluant complètement la justice sociale, sous couvert d’action écologiste.

 

Les résultats limités de la Convention Climat

 

Pour ce qui est des propositions élaborées par la CCC – la critique suivra l’ordre de présentation des propositions de cet article. Pour une présentation en infographies, voir cet article de Reporterre.

Nous ne sommes pas des spécialistes de chaque question abordée. En conséquence nous n’avons donc pas la prétention de connaître toutes les solutions. Cependant nous allons pointer du doigt ce qui ne nous semble pas à la hauteur de l’objectif. C’est-à-dire mettre un terme à l’écocide en cours. Chacune des parties mériteraient sans doute une étude et une critique plus approfondies.

D’une manière générale les propositions n’impliquent pas de transformations profondes, comme on pouvait s’y attendre. En soit, l’idée n’est pas d’en vouloir aux citoyen·nes qui s’adaptent à ce qu’on leur demande. Le cadre idéologique empêche toute réflexion à des transformations profondes, pourtant nécessaires.

Pour commencer, les modifications de la constitution ne sont que des mots qui ne se traduiront certainement pas dans le concret. Et celles concernant l’aspect institutionnel ne changeront pas grand chose si les institutions créées – comme un·e défenseur·se des droits de l’environnement – n’ont aucun pouvoir. C’est justement le cas de l’actuel défenseur des droits, qui n’a absolument pas été écouté pendant la répression des gilets jaunes lorsqu’il demandait la suspension de l’usage des fameux LBD et de certaines grenades très dangereuses. En voyant à quel point les institutions actuelles sont corrompues, verrouillées, nocives ou inefficaces, il n’y a rien à espérer du gouvernement et de ses institutions nouvelles.

 

Se loger

Pour ce qui est de “Se loger”, il y a de bonnes pistes. Notamment sur la lutte contre l’artificialisation des sols avec une limitation de moitié et l’interdiction d’artificialiser tant que des réhabilitations sont possibles. Mais ces propositions toujours trop réformistes. Rappelons que le béton est une « arme de construction massive du capitalisme ». Et ainsi l’artificialisation s’étend en France de 25m2 par seconde, c’est-à-dire trois fois plus rapidement que la population. C’est un désastre écologique que nous devons arrêter immédiatement ! Stopper les aménagements très consommateurs d’espace est un moindre mal mais ce n’est pas suffisant. C’est ce qu’ont compris les militant·es qui n’attendent plus et passent à des actions directes de débétonisation / débitumisation.

Il serait préférable d’envisager la déconcentration des villes pour répartir les habitant·e·s dans des zones délaissées en leur donnant les moyens de construire des habitats écologiques. On pourrait utiliser par exemple des matériaux comme le bois, la terre, la paille – où ils et elles vivraient bien mieux – plutôt que les pousser à l’entassement dans des immeubles de 10 étages parfois insalubres et situés dans des quartiers complètement bétonnés, avec en plus une violente pression policière.

 

Se nourrir

Idem pour “Se nourrir”, on découvre des propositions intéressantes, mais trop réformistes.

L’agroécologie

Il y a par exemple des références à l’agroécologie, ce qui est bien. mais c’est une technique qui présente des limites dans son principe de culture au sol. Cette culture privilégie principalement des plantes basses comme les légumes, les céréales ou les légumineuses.

Pour dépasser cette limite, on pourrait par exemple regarder du côté des jardins-forêts. L’ajout de la dimension verticale dans la culture et le mélange des différentes strates végétales permettent bien plus de possibilités d’associations et d’effets bénéfiques pour l’écosystème créé (micro-climats plus résilients face aux changements climatiques actuels, grande richesse biodiversitaire, meilleure adaptation aux ravageurs et maladies …). Le tout, en privilégiant les plantes pérennes pour que l’écosystème soit durable et s’auto-gère. Il nécessite ainsi beaucoup moins d’interventions, donc moins d’efforts et d’apports de ressources. D’où son immense potentiel pouvant compléter des techniques telles que l’agroécologie, le maraîchage et jardinage sur sol vivant qui sont intéressantes aussi, notamment du fait de la rapidité de leur production. Bref, des méthodes de production permaculturelles.

Par ailleurs, de nombreuses techniques de culture végétale sont à redécouvrir et explorer car elles ont été effacées de nos mémoires. Certaines ont été oubliées car remplacées par la vapeur puis le moteur à explosion. On peut citer ainsi le développement d’un petit machinisme, de machines et manèges de petite taille adaptés aux petites exploitations de culture végétale. Ces techniques nécessitent la re-densification de la paysannerie, et une rupture avec le modèle industriel des grandes exploitations agricoles.

L’agriculture “biologique”

Concernant les références à l’agriculture “biologique”, elle ne proscrit pas le labour donc elle détruit toujours la vie des sols, même si elle ne les empoisonne pas avec des pesticides. Les produits issus de cette industrie sont au passage souvent très chers, bien trop pour qu’ils soient accessibles à tout le monde. Pouvoir se nourrir correctement ne devrait pas dépendre de sa place dans la société mais être un droit universel.

Par ailleurs, il paraît nécessaire que les personnes ayant les compétences pour produire de la nourriture soient bien plus nombreuses, pour que l’autonomie alimentaire de chacun·e soit la plus locale possible et qu’elles dépendent le moins possibles – voire plus du tout à terme – d’apports extérieurs.

La pêche

Pour la pêche, elle ne devrait servir qu’aux populations proches de la zone de pêche. C’est d’ailleurs le cas chez certains peuples autochtones. Elle ne devrait pas être une entreprise pour nourrir tout un pays, encore moins plusieurs. Les fermes aquacoles demandent énormément de moyens. Alors qu’il suffirait de pêcher en milieu naturel, par soi-même, si l’on en a vraiment besoin et que l’on en est proche géographiquement. Et pas simplement par volonté de se faire plaisir quand il y a d’autres moyens de se nourrir.

Pour ce qui est du commerce international, il est insoutenable écologiquement. En effet, il demande des infrastructures pour la distribution des cargos, trains, camions et avions. Cela implique des destructions écologiques pour les construire et les alimenter en énergie pour qu’elles fonctionnent. Nous ne devons pas réformer le commerce international mais l’abolir.

Enfin, pour légiférer sur le crime d’écocide, encore faut-il définir clairement les écocides. Pour éviter de considérer seulement les plus graves comme tels. Et il faut que les sanctions soient significatives. Sinon ce ne seront que des conventions jamais respectées car non punies ou pas assez. Or si le bénéfice est supérieur à la perte de la sanction, les dirigeants des industries continueront.

 

Consommer

Pour la partie “Consommer”, à vrai dire, toutes ces réformes sont des pansements sur une jambe de bois. Beaucoup de peuples ayant conservé un mode de vie sobre n’ont pas besoin de tout ça pour respecter les limites de leur écosystème. Certains existent toujours malgré l’anéantissement d’un grand nombre par la civilisation. Il faudrait plutôt retrouver une culture saine, comme par exemple en s’inspirant de certains peuples autochtones.

Cependant, dans un contexte de société comme le territoire français, ces mesures pourraient aider à déconstruire – où en tous cas freiner – la culture mortifère du système actuel capitaliste productiviste.

 

Se déplacer

Pour la partie “Se déplacer”, là encore, ce sont des réformes quand il faudrait des transformations profondes. Le problème n’est pas comment on se déplace. Mais pourquoi est-ce que l’on doit se déplacer sur autant de distance pour pouvoir vivre ? Comment rompre avec cette hyper-accélération de nos modes de vie dans les méga-sociétés urbaines et surproductrices ? Quels sont nos véritables besoins ? Relocaliser l’autonomie des sociétés sur tous les plans (alimentaire, habitat, économique, politique, social, etc.) réduit considérablement la distance de déplacement nécessaire pour vivre. Cela diminuerait donc le recours à des véhicules lourds, polluants. Ces derniers nécessitent des destructions écologiques et exploitations sociales pour leur fabrication et leur commercialisation/distribution.

 

Produire et travailler

Et pour finir sur la partie “Produire et travailler“, c’est encore une fois un ensemble de réformes. Une véritable transformation consisterait à revoir les besoins à l’essentiel. Puis à produire de manière permaculturelle, avec des techniques et outils simples qui ont un impact limité. Cela afin de préserver les humain·es et la biosphère dans son ensemble. Ce ne sont pas les alternatives qui manquent – comme ce qui est proposé vers la fin du texte. Surtout que nous pouvons très bien en expérimenter d’autres, dès lors qu’il ne s’agit pas de développer des pseudo “énergies renouvelables” (qui ne le sont pas du tout). Évitons toute autre initiative empreinte de greenwashing, le verdissement en apparence de quelque chose qui ne l’est pas en réalité quand on creuse le sujet.

En conclusion, parmi toutes ces propositions, certaines sont intéressantes, d’autres problématiques. Mais dans l’ensemble, elles sont très loin de résoudre le problème de l’urgence climatique. Encore moins celui de l’urgence écologique, c’est à dire en prenant en considération l’ensemble de la biosphère massivement exterminée par la civilisation industrielle.

Ce sont des réformes quand il faudrait des abolitions :

  • commerce et économie internationales
  • pêche et agriculture à grande échelle et mécanisées

Ou ce sont des réformes lorsqu’il faudrait des transformations profondes :

  • déconcentration des villes
  • relocalisation de l’autonomie sur tous les plans
  • transition vers des modes de vie et des pratiques de production sobres, justes socialement et respectueuses du vivant.

 

 

2. Et maintenant ?

 

Macron élimine presque toutes les propositions

Qu’en est-il désormais ? Que sont devenues ces propositions, certes sincères et plus profondes que ce que n’envisagera jamais le gouvernement, mais qui restent tout de même très réformistes et insuffisantes ? Eh bien la réponse est simple, elles ont déjà subi une “pré-digestion”. Et pas des moindres, puisque plusieurs propositions importantes ont été écartées par le gouvernement. Ceci, alors même qu’Emmanuel Macron s’était publiquement engagé à soumettre les propositions “sans filtre” soit au vote du parlement ou soit au référendum. L’initiative “imagine on le fait” – un site et une vidéo pour adresser un message au gouvernement – avait même vu le jour pour lui rappeler ce fait et l’inciter à tenir sa parole. C’est assez navrant d’en arriver là, déployer des efforts énormes pour simplement qu’une personne respecte sa parole…

Seulement voilà, les dirigeants politiques promettent beaucoup, mais il y a souvent peu de suite dans les actes. En faisant croire qu’il allait respecter toutes les propositions de la CCC, Emmanuel Macron s’est fait passer pour une personne à l’écoute et respectueuse de l’initiative populaire.

Or, comme beaucoup d’écologistes l’avaient anticipé – du moins les radicaux et les personnes qui partent du principe qu’il n’y a rien à attendre de la part du gouvernement à part du mépris, de la manipulation et de la répression – il n’en est évidemment rien. Le peu d’avancées qui auraient pu être obtenues par cette initiative ont été en grande partie balayées. Une première fois par le gouvernement, et le parlement à majorité LREM-LR-RN se chargera du reste. Déjà qu’elles étaient insuffisantes vu le cadre imposé, après complète digestion, il n’en restera pratiquement rien.

 

Cyril Dion croit encore à cette impasse réformiste…

Comme il était dit dans l’article publié par Reporterre qui présentait la CCC, Cyril Dion croyait une dernière fois au changement par le citoyennisme et avait déclaré que si la parole n’était pas respectée, alors il laisserait tomber ce genre de démarche.

Mais malgré toutes les manœuvres effectuées jusqu’ici par le gouvernement pour vider ce socle de propositions, Cyril Dion persiste tout de même à croire à la « démocratie représentative ». Il espère qu’avec une certaine pression populaire, le gouvernement se raviserait et transmettrait finalement sans filtre les propositions. Même s’il voit l’influence des lobbys industriels et de la « technostructure », il pense encore échapper à la « machine infernale ». C’est pour cette raison que Cyril a lancé une pétition « Sauvons la Convention Citoyenne pour le Climat ».

Quant à lui, le président Macron s’est félicité devant 13 millions de spectateur·rices d’une « expérience démocratique inédite ». Il est heureux d’avoir « donné les moyens de faire » aux citoyen·nes de la CCC et « qu’il n’a pas de leçon à recevoir » .

…jusqu’à quand ?

Cyril Dion dit vouloir être « constructif » mais ce genre de démarche n’amènera sans doute pas un rapport de force suffisant pour faire céder le gouvernement au vu des intérêts de puissances économiques mis en danger par ces propositions, pourtant trop réformistes. Nous verrons bien quelle sera l’issue de cette histoire et si Cyril Dion abandonnera définitivement ce genre de stratégies dans le cas très probable où le gouvernement ne reviendrait pas sur ses récentes décisions. Ce qui est sûr, c’est qu’il est assez désolant de déployer autant d’efforts et de moyens pour un résultat aussi faible.

Histoire de bien comprendre à quel point le gouvernement n’en a rien à faire de l’écologie – sauf quand c’est pour taxer davantage les populations précarisées ou enrichir des industriels qui surfent sur le changement climatique pour développer des ”technologies vertes” qui n’ont de vertes que le nom –, il suffit de voir le choix du nouveau premier ministre juste après la fin de la CCC.

 

Penser comme un mouvement de résistance

Que faire alors ? Peut être faire sans – et contre – le gouvernement et l’État, mais avec les sociétés ? Par exemple, en participant au développement des alternatives radicales à ce système dans la production nourricière et l’habitat comme celles citées plus haut. Dans l’organisation politique, sociale et économique avec la pensée anarchiste qui accorde beaucoup d’importance au partage, à la coopération, l’entraide, l’intelligence collective et participative – qui est essentielle dans la gouvernance partagée – l’autogestion, expérimentée sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Les ZAD permettent d’ailleurs de protéger des terres tout en expérimentant ces alternatives. Autant de pistes pour recréer des zones d’autonomie et de résilience pouvant permettre de s’émanciper du système et accueillir des personnes précarisées qui en sont prisonnières, et ainsi leur donner la possibilité d’en sortir.

Mais aussi, en s’organisant pour résister à ce système mortifère. En créant du lien entre les différent·es acteur·ices des alternatives, de la résistance sociale et écologiste pour former des réseaux. Cela permet d’avancer en synergie, plus rapidement et plus loin. Bref, en agissant avec la société et non avec le gouvernement, qui ne participera jamais à la solution mais bien au problème.

 

 

Conclusion

 

Du coup, quelles leçons tirer de cette expérience de la CCC ? Que placer ses espoirs dans l’action du gouvernement est une mauvaise idée. Que cela incite en plus à investir beaucoup de temps et d’énergie pour un résultat des plus hasardeux et insignifiant.

Après tout, cette initiative a au moins une efficacité : prouver l’inefficacité de ce genre d’initiatives à de nombreuses personnes qui croyaient en elles. Cela peut donc pousser du monde à envisager d’autres stratégies et tactiques.

Aujourd’hui, nous n’avons plus le temps, les stratégies et tactiques citoyennistes et réformistes se révèlent plus insuffisantes chaque jour que le problème grossit. Il est alors impératif de ne plus placer tous nos espoirs et notre énergie en elles, et d’en envisager d’autres. À la fois pour la destruction du système mortifère en place, mais aussi pour la création de réelles alternatives.

 

 

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