Le mythe de la non-violence

Le mythe de la non-violence

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Nous allons voir qu’il est nécessaire de s’opposer à l’État, que la non-violence seule est historiquement inefficace, que la non-violence est raciste, patriarcale, étatiste, qu’elle est stratégiquement et tactiquement inférieure et que c’est une leurre. Enfin nous passerons en revu quelques arguments courants et erronés contre la violence.

Pour cet épisode, on reprend essentiellement les différents arguments du livre Comment la non-violence protège l’État, écrit par Peter Gelderloos et traduit par Nicolas Casaux.

 

Qu’appelons nous «mythe de la non-violence ? »

Ce mythe est une croyance encore trop tenace dans le mouvement écologiste et qui nous empêche de réfléchir de façon stratégique. Pourtant on voit bien que cette question un peu tabou, celle de la violence, est une tension permanente dans l’évolution des marches pour le climat ou dans des organisations comme Extinction Rébellion par exemple.

 

 

 

S’opposer à l’État

Utiliser la violence revient presque systématiquement à s’opposer à l’état, car c’est lui qui en détient le monopole. Chez les gens qui s’oppose systématiquement à la violence on retrouve souvent la croyance que l’Etat est juste, qu’il agit pour le bien commun, ou encore qu’il est démocratique. Or c’est faux, L’État fait partie du problème. État et Capital sont les deux faces d’une même pièce. Comme Gelderloos, nous souscrivons à l’analyse anarchiste que l’État doit être combattu car il est un outil de domination, au service du Capital et comme le dit ce slogan vu en graffiti « Quand la Justice de l’État n’est que violence, la violence du peuple n’est que justice». Pour en savoir plus sur la critique anarchiste de l’État on vous conseille notre podcast consacré à Malatesta, ou la lecture de L’Anarchie expliquée à mon père de Francis Dupuis-Déri.

Bon d’accord me direz-vous, il faut s’opposer à l’État, mais la violence n’est pas une stratégie efficace ! Ça ne marche pas, l’histoire le prouve, regarde Ghandi en Inde, Mandela en Afrique du Sud, le mouvement des droits civiques aux états-unis avec Martin Luther King… Tous ces exemples de prétendue victoires non violentes relèvent en fait du révisionnisme historique.

 

La non-violence seule est historiquement inefficace

L’idéologie du pacifisme dogmatique a suffisamment prouvé son échec. Elle n’a jamais permis la moindre victoire a visée révolutionnaire. Toutes les luttes sociales qui réussissent impliquent une diversité des tactiques. Les changements sociaux majeurs découlent d’un ensemble de tactiques que l’on retrouve dans chaque situation révolutionnaire. Les prétendues victoires non-violentes sont le fruit de manipulations et distorsions historiques flagrantes, elles témoignent d’une falsification méthodique.

Prenons l’exemple de la légende du mouvement non-violent indien de Gandhi qui renverse l’impérialisme britannique. Cette histoire comme elle est racontée par les pacifistes est tout à fait partielle, ils expurgent d’autres formes de résistance et prétendent que Gandhi et ses disciples constituaient la colonne vertébrale et la tête de la résistance en effaçant par exemple le rôle de Bhagat Sing, révolutionnaire marxiste et anarchiste qui s’est battu pour l’indépendance. Il était également opposé au mouvement de Ghandi car il pensait que celui-ci ne ferait que remplacer l’exploitation par une autre. De plus le pouvoir colonial britannique était durement affaibli militairement parlant au sortir de la 2ème GM, et il craignait que les luttes armées des arabes et des juifs en Palestine ne servent d’exemple aux Indiens. Enfin la apôtres de la non-violence dogmatique prétendent que le mouvement de libération de l’Inde a réussi là où en réalité il a échoué. Les Britanniques n’ont pas été forcés de quitter le pays, leur domination coloniale s’est transformée en néocoloniale. L’Inde est toujours exploitée par des multinationales euro-américaines.

Le mouvement pour les droits civiques des État-Unis est un des épisodes les plus cités de l’histoire-selon-les-pacifistes. Il ne s’agit pourtant ni d’une victoire ni d’une lutte non-violente. La majorité des exigences du mouvement n’ont pas été satisfaites en matière d’égalité ou de libération. Il faut rappeler l’existence de groupes révolutionnaires noirs armés comme le Black Panther Party qui eu une grande influence sur l’aura d’activiste pacifiste comme Martin Luther King. Il y eu aussi des émeutes, des contrôles de quartier, des batailles contre les policiers, des destructions de voitures de police. De plus il ne faut pas oublier les Deacons For Defense qui protégeait les noirs des agressions de la police et du KKK et qui avait recours aux armes lorsqu’il le fallait. L’essentiel des victoires ont pris place après que les Noirs eurent démontré qu’ils ne resteraient pas éternellement pacifistes. On retrouve ici le concept de la fenêtre d’Overton, qui déplace l’intervalle de l’acceptabilité. Des militants assez réformistes paraîtront beaucoup moins radicaux aux yeux des dominants si d’autres sont prêts à sortir les armes.

Un autre des exemples les plus souvent cités pour justifier la non-violence absolue est le cas de Nelson Mandela. Il s’agit là encore de pur révisionnisme historique. Nelson Mandela n’a jamais prétendu être non-violent, il a même participé à la fabrication de bombes. L’ANC était une organisation révolutionnaire qui a eu recours à la violence. Lorsqu’il était prisonnier Mandela a même refusé de faire la promotion du pacifisme comme le lui avaient demandé ses geôliers.

Suivant les mêmes défauts, certains pacifistes affirment que le mouvement pour la paix aux États-Unis aurait mis un terme à la guerre du Vietnam. Il s’agit d’une suffisance impardonnable car elle ignore les 3 à 5 millions d’Indochinois qui sont morts en combattant l’armée américaines ainsi que les soldats tués et blessés. Une chose est sûre, le gouvernement états-unien n’a pas été contraint de se retirer par les manifestations pacifistes, il a été défait politiquement et militairement. De plus le gouvernement avait aussi peur que les manifestations pacifistes se transforment en contestations plus violentes.

 

La non-violence est raciste

Dans le contexte actuel, la non-violence est intrinsèquement une posture de privilégié. Seul quelqu’un qui ne souffre pas directement peu se permettre d’être peu efficace. L’idéologie pacifiste émane de circonstances privilégiées, elle ignore la violence omniprésente du fonctionnement normal de la civilisation industrielle, elle ignore qu’elle est constitutive de la structure de la hiérarchie sociale actuelle, qu’elle touche avant tout les personnes racisées. La non-violence est inefficace pour se libérer des violences policières que subissent quotidiennement les Noir·es et les Arabes.
Les privilégiés, notamment les blancs, tirent leurs avantages matériels de l’exploitation des opprimés, cela signifie qu’on tire avantage de la violence utilisée pour les tenir en laisse. On ne peut donc pas, à moins d’être raciste, les condamner parce qu’ils et elles se rebellent contre la violence structurelle qui nous privilégie. Les blancs ont beaucoup à apprendre des personnes racisées, de pourquoi elles utilisent parfois la rébellion violente en particulier.

Il n’est pas possible d’imposer un moyen d’émancipation aux opprimés lorsque l’on bénéficie soi-même de leur oppression, cela revient à reproduire la domination préexistante.

 

La non-violence est étatiste

Les gouvernements modernes spécialistes du contrôle social ont compris que la condition naturelle du monde qu’ils ont créé est le conflit : la rébellion est inévitable et permanente. Grâce à la violence, l’État protège le capitalisme, le patriarcat, la suprématie blanche, etc. Toute lutte contre l’oppression passe donc nécessairement par un conflit avec l’État. L’exercice de l’État est l’art de gérer le conflit en permanence. Tous les gouvernements comprennent que l’activisme véritablement révolutionnaire constitue la plus grande menace qui soit pour l’ordre établi.

La non-violence revient donc à priver les masses de leurs capacités naturelles à l’action directe et l’auto-défense. Elle est une légitimation du monopole de la violence par l’État contre la population.

Les pacifistes affirment peut-être que personne ne mérite de subir des violences; pourtant ils utilisent l’argument classique selon lequel les révolutionnaires ne devraient pas recourir à la violence parce que cela sera utilisé par l’État pour « justifier » une répression violente. Mais auprès de qui cette répression violente est-elle justifiée ? Et pourquoi les personnes qui se prétendent opposées à la violence ne s’efforcent-elles pas de démolir cette justification ? Pourquoi les activistes non violents cherchent-ils à changer la moralité de la société dans sa vision de l’oppression ou de la guerre, tout en acceptant la moralité de la répression étatique comme si elle était naturelle et intouchable? Pourquoi la violence de l’état, des capitalistes, des oppresseurs serait-elle plus légitime que celle des opprimés ? Ce double standard est absurde, à moins que vous ne cherchiez à maintenir le statu quo.

En réalité les pacifistes aident l’État à avoir l’air inoffensif en lui permettant de donner l’impression qu’il tolère une critique (qui ne le menace pas réellement). Ils s’en remettent à la violence de l’État pour défendre leurs privilèges et ne lui opposent pas la moindre résistance lorsque sa violence se tourne contre des militants radicaux. Ils dénoncent la violence juridique que subissent les activistes non violents, mais pas les autres. Ils négocient et coopèrent de leur côté avec la police. Finalement la seule forme de violence à laquelle ils s’opposent de manière systématique, c’est à la rébellion contre l’État. C’est un comportement inacceptable pour un mouvement de résistance écologiste.

 

La non-violence est patriarcale

Le patriarcat est une hiérarchie, ainsi qu’une culture associée pour le maintenir en place. Le patriarcat met les hommes en position de domination et les femmes en position de soumission. Le patriarcat confère exclusivement aux hommes le droit et la faculté de recourir à la violence. La non-violence dans cette situation est encore une posture de privilégié. Elle présume qu’au lieu de se défendre contre la violence, nous devrions souffrir patiemment.

Le fait que des femmes se réapproprient leur aptitude et leur droit à recourir à la force ne suffira pas à mettre un terme au patriarcat mais c’est une condition sine qua non de leur libération. Les femmes doivent refuser d’être des victimes et rejeter l’idée de se soumettre aux agresseurs. Se soumettre ne fait que contribuer aux violences à venir contre d’autres victimes.

De plus l’État et ses institutions sont patriarcales, on le voit très nettement avec la façon dont les plaintes pour viols sont traitées, ainsi l’aspect étatiste de la non-violence ne remet pas frontalement en cause le patriarcat institutionnel.

 

La non-violence est tactiquement et stratégiquement inférieure

L’écocide actuel s’aggrave de jour en jour, si vous lisez cet article vous connaissez probablement le tableau, on ne va pas refaire l’état des lieux. C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous permettre d’être inefficaces et de restreindre nos possibilités tactiques et stratégiques.

Les tactiques devraient toujours découler des stratégies, et les stratégies de l’objectif et non l’inverse. Ni la violence ni la non-violence ne sont des stratégies. La non-violence est simplement un ensemble limité de tactiques qui restreint l’éventail de choix stratégiques. L’éventail utilisé par les activistes non-violents est plus restreint que celui des révolutionnaires, il n’est rien d’autre qu’une sévère limitation des possibilités d’action. Les quatre principales stratégies pacifistes sont :

  • L’appel à la morale
  • La démarche lobbyiste
  • La création d’alternatives
  • La désobéissance généralisée

Ces stratégies sont défectueuses et manquent de vision à long terme. Aucune de ces stratégies ne donne l’avantage aux activistes non-violents. Passons ces différentes stratégies en revue.

 

L’appel à la morale

(discours, forums, tracts, marches)

Objectif : cherche à insuffler le changement en influençant l’opinion des gens.

  • Malheureusement la non-violence sous-estime l’influence de la culture industrielle et la puissance du système médiatique. Les médias de masse sont les chiens de garde du statu quo et les médias alternatifs ne peuvent rivaliser avec les médias de masse. Cette industrie de propagande peut contrer, discréditer, diviser ou étouffer presque n’importe quelle menace idéologique.
  • La plupart des gens ne sont pas capables d’être réceptifs à la critique sociale. Ils sont plus susceptibles de croire les experts qui répètent des vieux dictons que des gens qui présentent des faits et des analyses contradictoires. Donc les activistes qui se contente du prosélytisme tendent à simplifier leur discours pour pouvoir se servir du pouvoir du cliché et des platitudes.
  • Les idées ne sont pas les actrices du changement. Les personnes privilégiées trouvent toujours un moyen de justifier leurs privilèges par un grand nombre de mensonges altruistes. Elles utilisent les arguments les plus improbables pour défendre leur position coûte que coûte. Ces personnes savent souvent qu’elles sont privilégiées, tant qu’elles auront le choix d’ignorer cette question, elles le feront.
  • L’information seule n’a aucune force, mais elle est très efficace si elle est associée à des stratégies radicales
  • Les tactiques radicales attirent bien plus l’attention des médias de masse que les tactiques plus réformistes.

 

La démarche lobbyiste

(pétitions, demandes publiques aux dirigeants)

Objectif : être écoutés par les politiciens

  • Les entreprises sont de meilleurs lobbyistes. Leur puissance financière est toujours supérieure.
  • Le lobbying conduit a une structuration hiérarchique de la lutte et l’affaiblit. Les activistes deviennent des moutons qui portent une pancarte pendant qu’une petite élite avide d’obtenir l’écoute des puissants accapare le pouvoir ce qui facilite la cooptation d’un tel mouvement.
  • La seule façon d’influencer l’État dans des intérêts diamétralement opposés est de menacer son existence
  • Les activistes sont mené·es dans une impasse et risquent d’abandonner si l’organisation ne crie pas victoire au moindre compromis.
  • Gaspillage des ressources

 

La création d’alternatives (alternatives alimentaires, économiques, habitats alternatifs)

C’est une stratégie très tentante pour beaucoup de modérés comme de radicaux.
Objectif : prouver par l’exemple qu’une société peut être autonome, que le capitalisme n’est pas désirable.

  • Le monde capitaliste d’aujourd’hui s’est développé en détruisant les alternatives préexistantes (le génocide des premiers américains devrait constituer un exemple suffisant)
  • Seuls des lieux vides ou abandonnés peuvent être investis de façon non-violente
  • Le gouvernement ne va pas rester les bras croisés pour nous laisser mener ces expériences (voir l’exemple des ZAD et des Squats). L’État a toujours réprimé violemment les espaces autonomes
  • Construire n’est pas suffisant, il faut détruire l’existant et défendre les espaces autonomes
  • Il est impossible de fuir le réchauffement climatique, et l’écocide global.

La désobéissance généralisée (grèves, boycott, blocus, refus)

Objectif : renverser le système en le mettant à l’arrêt

Quels sont les problèmes ? :

  • La désobéissance seule ne renversera jamais un pouvoir, puisque l’État peut envoyer la police et l’armée briser des barricades non-violentes et que les sit-in et jets de pierre ne font pas le poids face à l’armée. Par exemple faire sauter un pont est beaucoup plus « bloquant » que de s’y enchaîner.
  • La désobéissance peut faire démissionner un gouvernement mais pas renverser les structures fondamentales du capitalisme et de l’État.
  • L’automatisation et la mise en réseaux du système technique permet également de limiter l’impact de la simple non-coopération. On le constate bien avec l’atomisation des travailleurs et l’éclatement ou l’affaiblissement des structures traditionnelles d’organisation syndicale ce qui rend peu probable cette perspective. De plus il est d’autant plus difficile de bloquer un système par la non-coopération lorsque celui est structuré autour d’une plateforme comme Uber ou Amazon par exemple.
  • Enfin, l’existence de monopoles radicaux (comme définis par Illitch) rends très difficile la non-coopération dans certains cas. Comment ne pas participer à l’industrie automobile lorsque toute la société est structurée autour de la bagnole et que c’est parfois l’unique moyen de se rendre au travail ?

 

La non-violence est un leurre

Quand on explique que les soi-disant victoires de la non-violence n’en sont pas, sauf du point de vue de l’État, un contre-argument simpliste revient souvent, selon lequel telle ou telle lutte radicale n’ayant pas engendré de victoire, la «violence» est donc tout aussi inefficace. Personne ne dit ici que la violence garantit la victoire. Il y a une différence entre exposer la tromperie des victoires pacifistes et exposer l’échec des luttes radicales dont personnes ne prétend qu’elles sont des victoires.

Mais ce qu’il faut admettre, c’est que les luttes ayant recours à une diversité de tactiques (dont la lutte armée) peuvent aboutir (par exemple les révolutions en Amérique du Nord et du Sud, en France, en Irlande, en Chine, à Cuba, en Algérie, au Vietnam, etc.). Certains mouvements anti-autoritaire ont aussi réussi à libérer pour un temps certains territoires, comme la collectivisation durant la Guerre civile espagnole, l’Ukraine avec Nestor Makhno ou la zone autonome créée par la Fédération communiste anarchiste coréenne à Shinmin.

Tout cela nous montre que les principaux types de stratégies non violentes sont autant d’impasses sur le long terme. Le chemin radical pour les changements sociaux est beaucoup plus chaotique et dangereux, mais au moins il est réaliste. La non-violence ne peut pas se défendre contre l’État, et encore moins le renverser. La puissance tant vantée de la non-violence est une illusion qui fournit à ses partisans une certaine confiance et un certain capital moral afin de compenser leur inefficacité.
Avant de conclure nous allons aborder :

Quelques arguments contre la violence:

« La violence c’est la facilité » : c’est faux, les militants ayant recours à la violence s’exposent bien plus que les pacifistes. Ils risquent leur confort, leur vie et parfois celle de leur famille et amis.

« La violence est impulsive, non rationnelle et consiste à laisser les émotions prendre le dessus » : c’est faux, l’action directe en générale, violente ou non demande une préparation méticuleuse et une grande rigueur, la moindre erreur peut avoir des conséquences dramatiques.

« La non-violence est tout aussi révolutionnaire » : c’est généralement faux puisqu’elle ne représente pas une réelle menace pour l’ordre établi.

On a également la la fameuse étude sur les 3,5% de la population mobilisée qui serait suffisant pour obtenir des changements majeurs. Cette étude à la méthodologie douteuse réalisée par des personnes aux vues très libérales ayant travaillé pour l’OTAN, et financée par la Banques mondiale, l’UE et des organismes privés ne devrait jamais être utilisé par des révolutionnaires sérieux. Il s’agit d’une propagande étatiste en accord avec les intérêts des dominants. Sur le sujet on vous recommande l’article sur le site Le Partage à ce propos qui détaille les problèmes de cette étude.

 

Conclusion

La définition de la violence est très large et dépend souvent de qui emploi le terme. Pour le patron l’exploitation des travailleurs c’est la justice, pour le travailleur c’est la violence de la domination. Pour l’industriel qui souhaite exploiter (euphémisme qui signifie souvent détruire et massacrer) une parcelle supplémentaire l’implantation d’une ZAD est une violence, pour le monde vivant c’est un moment de répit. De plus le terme de violence employé systématiquement pour parler d’atteintes à la propriété privée renvoie à une vision particulièrement libérale du monde qui considère que la propriété privée est un droit inaliénable, essentiel, absolu et presque une extension organique de l’individu.

Bien sûr, il ne s’agit pas de prôner la violence systématique, la non-violence peut aussi être utile si elle s’inscrit comme une tactique au service d’une stratégie bien définie. La construction d’alternatives et l’éducation sont importantes, sinon ce podcast et cet article n’existeraient pas. Cependant la lutte sous le seul prisme de la non-violence appauvrit le spectre des tactiques disponibles et affaiblit l’ensemble des résistants et résistantes. C’est pourquoi il est important de réhabiliter la violence comme une tactique parmi d’autres, nous ne pouvons plus nous permettre d’être inefficaces.

 


Pour aller plus loin:

Podcasts Full Spectrum Resistance

Sur l’étude de Erica Chenoweth et les 3,5%

Peter Gelderloos, Comment la non-violence protège l’État

Francis Dupuis-Déri, L’anarchie expliquée à mon père

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